Compétition

Entretien avec Joakim Ward

Ancien pilote de karting de haut niveau, Joakim Ward a diversifié ses activités depuis la création de son entreprise en 1991. Il gère notamment l’importation et la distribution de plusieurs marques en Suède et dans les pays voisins et il a développé sa propre production de karts de loisir. Le team Ward Racing occupe en […]


Entretien avec Joakim Ward

Ancien pilote de karting de haut niveau, Joakim Ward a diversifié ses activités depuis la création de son entreprise en 1991. Il gère notamment l’importation et la distribution de plusieurs marques en Suède et dans les pays voisins et il a développé sa propre production de karts de loisir. Le team Ward Racing occupe en parallèle une place de premier choix sur la scène internationale. C’est une des grandes équipes privées capables de rivaliser avec les teams d’usine et de remporter des nombreux succès dans les catégories internationales. Lors d’un entretien réalisé durant l’avant-dernière semaine du mois de mai 2020, Joakim Ward évoque la situation particulière de la Suède face à la pandémie de la COVID-19 et les conséquences de cette situation exceptionnelle sur le karting et son économie.

Joakim, comment affrontez-vous en Suède la propagation du virus ?

Pour ce qui est de ma famille et de mes proches, tout va bien. Nous prenons toutes les précautions nécessaires et suivons les recommandations du gouvernement en ce qui concerne la distanciation physique. Dans notre pays, nous pensons que les gens doivent réfléchir par eux-mêmes pour adopter un comportement adapté à la situation. Il est par exemple recommandé de ne pas voyager à plus de deux heures de son domicile. Mais il n’y a pas vraiment d’interdiction. En Suède, le port du masque et des gants n’est pas très répandu, excepté dans les grandes villes. La distanciation est plus couramment pratiquée. Je dirais qu’environ 95 % de la population respecte cette règle.

Il n’en reste pas moins que l’activité du pays est fortement ralentie depuis mars. La plupart des magasins sont restés actifs, mais de nombreuses entreprises sont en situation de faillite. Le gouvernement s’efforce d’aider en faisant en sorte que le coût salarial soit réduit, mais il n’y a pas d’aide financière directe. Comme les rentrées d’argent sont pratiquement inexistantes dans certains secteurs et qu’il faut malgré tout payer les charges, la vie est très difficile.

Avez-vous remarqué récemment une amélioration ?

Oui, certainement. La situation s’améliore de jour en jour dans tous le pays. Dans mon cas personnel, j’ai la chance d’avoir d’autres activités que la compétition et cela me permet d’être plus à même de résister aux temps difficiles. Le fait que nous puissions maintenir malgré tout une activité commerciale, même réduite, nous permet de tenir le coup. Le fait de pouvoir travailler quotidiennement avec nos clients suédois, qui se montrent très compréhensifs, nous apporte beaucoup de satisfactions. Nous pouvons ainsi faire face à notre principale préoccupation qui est d’essayer de garder la tête hors de l’eau et assurer un minimum de chiffre d’affaires pour pouvoir payer les factures de loyer du magasin et des locaux.

Quel regard portez-vous sur la reprise de la compétition dans votre pays ?

La Suède a sans doute été l’un des premiers pays touchés par l’épidémie à essayer d’organiser à nouveau des courses de karting. Deux se sont déroulées dans le courant du mois de mai, à Kristianstad et près de Stockholm. Grâce à des procédures très strictes, cela s’est très bien passé : 25 pilotes étaient présents simultanément dans le paddock, par tranches de 5 heures. Ils rentraient chez eux après leur participation pour ne jamais dépasser le nombre maximal de 50 personnes présentes dans le même temps sur le site. C’est un très bon système qui a permis aux pilotes d’avoir un roulage important sur une durée très courte, peut-être même davantage que lors d’une compétition normale. Tout le monde a semblé heureux de passer moins de temps loin de la maison. C’était un très bon format. Il va y avoir d’autres courses sur ce schéma, mais pas chaque week-end, plutôt une fois par mois.

Qu’en est-il selon vous pour les futures courses internationales ?

Je suis plus inquiet, car il y a beaucoup plus de contraintes à prendre en compte. Je ne pense pas que nous puissions envisager l’organisation de courses avant la fin de l’été. Pour l’instant, nous ne pouvons pas envisager de rassembler un millier de personnes ou davantage sur un circuit. C’est complètement en dehors des recommandations gouvernementales.

Cela s’annonce extrêmement difficile pour des situations simples que l’on tenait jusque-là pour acquises et qui deviennent maintenant très complexes. La reprise des courses en elles-mêmes n’est pas très compliquée puisque cela concerne un pilote, un mécanicien et un peu de matériel. C’est tout ce qui entoure la présence des participants sur une piste qui doit être mûrement réfléchi à l’avance entre nous tous. Je reste malgré tout positif dans le sens où nous sommes en train d’apprendre un grand nombre de choses que nous allons pouvoir utiliser à notre avantage. C’est le point le plus important pour assurer un redémarrage intelligent après ce coup d’arrêt.

Songez-vous à des évolutions pour le futur du karting ?

Il y a beaucoup d’idées qui circulent actuellement sur la façon de faire en sorte que le karting se porte mieux. Pour ma part, je suis extrêmement satisfait des règles techniques actuelles, aussi bien en ce qui concerne les moteurs que les châssis et les pneus. Ces dernières années, tout le monde se montre satisfait du déroulement de la compétition internationale, et les pilotes en premier lieu, ce qui est très important.

La CIK-FIA a très bien fait de reporter d’un an la prochaine homologation des châssis. Je pense qu’il serait bon d’en faire autant pour l’homologation suivante concernant les moteurs programmée pour la fin de 2021. Il serait dommage de décourager des pilotes et des équipes lors de la phase de reprise, avec le risque d’un transfert de compétiteurs vers les coupes mono-marques qui n’ont pas ce genre de contraintes.

Par contre, le point qu’il faudrait améliorer en compétition internationale est certainement le temps passé sur les circuits. Avec la règle qui impose de ne pas rouler sur une piste dix jours avant une épreuve FIA Karting, nous sommes pénalisés par une immobilisation beaucoup trop longue du matériel. Cela revient très cher aux pilotes et aux équipes qui doivent rester sur place à attendre sans pouvoir rouler. En cherchant une solution à ce problème, nous pourrions récupérer facilement un mois d’activité par an, ce qui serait très bénéfique pour tous dans une période de reprise.

Interview FIA Karting / Photo © KSP


Publié le 25/05/2020

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