Compétition

Entretien avec Jérémy Iglesias

Pilote professionnel du constructeur italien IPK sous les couleurs de Formula K, le Français Jérémy Iglesias roule à haut niveau depuis plus de 12 ans. Trois fois vice-Champion d’Europe FIA Karting en KZ, il fait partie des pilotes les plus respectés du paddock grâce à son talent reconnu et à sa sportivité unanimement appréciée. Alors […]


Entretien avec Jérémy Iglesias

Pilote professionnel du constructeur italien IPK sous les couleurs de Formula K, le Français Jérémy Iglesias roule à haut niveau depuis plus de 12 ans. Trois fois vice-Champion d’Europe FIA Karting en KZ, il fait partie des pilotes les plus respectés du paddock grâce à son talent reconnu et à sa sportivité unanimement appréciée. Alors que le déconfinement gagne peu à peu l’Europe, il évoque en ce début du mois de mai 2020 sur les effets de la pandémie du COVID-19.

Jérémy, comment avez-vous vécu ces semaines de confinement ?

Comme tout le monde, je suis resté sagement à l’abri chez moi avec mes proches. Je me suis appliqué à rester actif et à entretenir ma motivation loin des circuits. Au début, j’ai ressenti une certaine inquiétude en voyant le nombre de contaminations augmenter chaque jour et je me demandais jusqu’où cela irait. Heureusement, le confinement et la distanciation physique ont porté leurs fruits, mais il ne faut pas relâcher nos efforts.

J’ai fait tout ce que j’ai pu pour rester en forme afin d’être prêt à reprendre la compétition. Je ne voulais pas le laisser surprendre et devoir regretter de ne pas avoir fait ce qu’il fallait. Par chance, j’avais entamé en fin d’année dernière une collaboration avec un coach pour la première fois de ma carrière. J’ai fait confiance à un jeune qui se lance dans cette activité, Grégory Monin avec sa structure EPS. Je voulais améliorer ma condition physique que je ne sentais pas optimale après les régimes que j’avais dû suivre quand le poids minimum de la catégorie KZ a été abaissé. L’accompagnement d’un spécialiste m’a bien aidé pendant le confinement grâce à un programme nutritionnel et des activités quotidiennes spécialement adaptés. Me préparer physiquement et mentalement m’a aidé à entretenir ma motivation dans l’optique des Championnats d’Europe et du Monde que j’attends avec impatience.

Quelles sont vos relations avec votre employeur ?

Je me rends bien compte que j’ai de la chance de travailler pour une entreprise importante comme IPK qui a la possibilité de supporter cette phase d’inactivité. Nous avons trouvé un terrain d’entente sur une forme de chômage partiel qui me permet de continuer à toucher un salaire sans mettre en difficulté la santé financière de l’usine, parce que je comprends bien qu’il n’est pas possible de payer les employés à 100 % en ce moment. Je sais bien que cela doit être beaucoup plus compliqué pour des structures plus petites qui n’étaient peut-être pas dans leur meilleure forme avant la pandémie. Quand la compétition s’arrête, tout le système qui gravite autour est paralysé. J’avoue que cela est inquiétant pour le milieu du karting en général.

Vous aviez commencé à diversifier vos activités en début de saison. Comment cela se passe-t-il ?
J’ai en effet créé un team, en liaison directe avec l’usine IPK, pour encadrer des jeunes pilotes français en compétition nationale et internationale, notamment dans la catégorie KZ2 (en plus du X30 et du Cadet – note de l’éditeur). Malheureusement nous n’avons pu faire qu’une seule course avant que tout soit bloqué. Nous attendons maintenant la reprise. La France commence à sortir progressivement du confinement à partir du 11 mai. La piste de Brignoles, qui est gérée par mon frère Yannick, peut accueillir quelques pilotes en respectant des règles sanitaires strictes. J’ai prévu d’y aller très prochainement pour réceptionner du matériel et procéder à quelques essais avant de pouvoir aller rouler en Italie.

La compétition vous manque-t-elle ?

Comme tout pilote je n’attends qu’une seule chose : c’est de pouvoir disputer des courses. Je vois qu’en Italie, le maximum est fait pour organiser prochainement des compétitions. Je sais que la FFSA travaille efficacement sur le sujet également. La situation avance, mais il faut rester patient. Par contre, ce que l’on ne sait pas c’est comment vont faire les pilotes étrangers pour se rendre sur les circuits. En France nous sommes par exemple limités à des déplacements dans un rayon de 100 km autour de notre domicile, au moins jusqu’en juin. Les pilotes des compétitions internationales viennent des quatre coins du monde, ce qui va compliquer les choses.

Sur le plan sanitaire, le karting peut s’adapter aux nouvelles contraintes de la pandémie si tout le monde est discipliné. Port du masque, respect de la distanciation, limitation du nombre de personnes, rien de tout cela n’est impossible. Je pense que tout le monde est conscient que si nous repartons comme avant sans prendre de précautions, les conséquences pourraient être beaucoup plus graves. D’autres sports, qui présentent davantage de risques de contact comme le football, annoncent le retour de leurs compétitions, alors pourquoi pas le karting ?

En plus que la crise sanitaire, nous allons devoir faire face à une crise économique. J’essayais d’imaginer les conséquences financières qui vont affecter aussi d’autres secteurs, parce qu’il ne faut pas penser uniquement au karting. Il est certain que de nombreux secteurs vont souffrir, nous le voyons en regardant simplement autour de nous. Adopter un comportement réfléchi nous donnera de plus grandes chances de surmonter cette épreuve.

Interview FIA Karting / Photo © KSP


Publié le 13/05/2020

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