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Entretien FIA Karting avec Martin Reuvers

“Campillos a gagné en notoriété” Installé depuis plus de 15 ans sur le circuit de Karting de Campillos, situé dans le sud de l’Espagne, Martin Reuvers a relevé le défi d’organiser le Championnat du Monde FIA Karting – OK et Junior 2021. Le Néerlandais de 39 ans revient sur cet événement mémorable. Pouvez-vous retracer votre […]


Entretien FIA Karting avec Martin Reuvers

“Campillos a gagné en notoriété”

Installé depuis plus de 15 ans sur le circuit de Karting de Campillos, situé dans le sud de l’Espagne, Martin Reuvers a relevé le défi d’organiser le Championnat du Monde FIA Karting – OK et Junior 2021. Le Néerlandais de 39 ans revient sur cet événement mémorable.

Pouvez-vous retracer votre carrière en tant que pilote ?
J’ai couru quelques années en Espagne dans les années 90, avec plusieurs top-10 à mon palmarès, mais avant tout comme un amateur. J’étais dans une petite structure familiale avec mon père. J’ai participé à quelques Championnats d’Europe Intercontinental A, à Angerville, Valence et Sarno notamment. Ma grande taille n’était pas un avantage, malheureusement ! La passion du karting était ancrée en moi, alors lorsque j’ai arrêté de piloter, je suis passé de l’autre côté de la barrière. J’ai commencé à travailler comme mécanicien au niveau international.

Avez-vous côtoyé des pilotes de référence ?
J’ai collaboré avec les teams officiels CRG, Formula K ou Intrepid, avec qui j’ai connu une année faste en 2010 au côté de Bas Lammers lorsqu’il a remporté le Championnat d’Europe et la Coupe du Monde en KZ. J’ai également eu l’occasion de monter mon propre team en Espagne. Une année, le père d’un pilote a lancé l’idée de créer un circuit près de la ville de Campillos et nous a demandé de le suivre pour l’exploiter. Le projet est sorti de terre en 2004 et la première épreuve a eu lieu un an plus tard. En 2009, RGMMC et la famille Geidel – Lynn, Roland et James – nous ont fait confiance pour accueillir la Rotax Winter Cup, ce qui nous a permis de nous impliquer au niveau international. Je connaissais James Geidel pour l’avoir vu courir en karting dans des épreuves en Espagne.

Etes-vous satisfait de l’essor pris par le complexe de Campillos ?
Tout n’a pas été simple. Il y a un peu plus de 10 ans, nous avons dû affronter la crise économique qui a duré quelques années en Espagne. Avec mon père, nous avons fourni beaucoup d’efforts pour développer le site. Au fil des années, il m’a progressivement laissé gérer la société. J’ai mis l’accent sur le karting de location, en investissant dans du matériel de qualité, en améliorant l’accueil des clients ou en rénovant le snack-bar. C’est ma femme qui s’occupe de la partie restauration. Nous avons la chance d’être dans une région touristique et il est impératif d’être très bien organisé pour affronter la période estivale.

Comment avez-vous réagi à la proposition d’accueillir le Championnat du Monde FIA Karting en 2021 ?
L’épreuve n’ayant pu avoir lieu au Brésil en raison de la crise sanitaire, la CIK-FIA était à la recherche d’un nouveau circuit, si possible dans la partie sud de l’Europe en raison de la date tardive dans la saison. J’avoue que ma première réponse fut négative. Accueillir un tel événement, cela représente une lourde pression. Je me demandais si nos infrastructures seraient à la hauteur. Je suis toujours assez critique avec moi-même, j’ai toujours l’envie de bien faire et il m’était impossible d’imaginer que cette mission pouvait échouer. Accepter d’organiser le Championnat du Monde est une chose, faire en sorte que ce soit un succès en est une autre. Je ne souhaitais pas recevoir de mauvais commentaires et voir des gens déçus. Il fallait également prendre en compte le coût d’une telle organisation. J’ai longuement réfléchi avant d’accepter, en sachant que cela allait engendrer cinq semaines de travail intensif pour être prêt le jour J.

Finalement, êtes-vous satisfait du résultat ?
Oui, l’inquiétude a laissé la place au soulagement. Ce n’est que dimanche soir que la pression est vraiment retombée. J’ai été sensible aux commentaires positifs que j’ai reçus venant des pilotes et teams. Jusqu’au bout, j’ai craint qu’un événement imprévu survienne ! Je remercie le promoteur James Geidel pour son expertise et les conseils que j’ai reçus en amont. J’ai dû revoir beaucoup de choses : sécurité de la piste, capacité du paddock, électricité du site, parc fermé, etc. Organiser une épreuve avant le Championnat du Monde a été très utile pour découvrir que nous avions encore certains problèmes à régler.

Sur combien de personnes avez-vous pu compter pour mener à bien votre mission ?
Près de 70 au total ! J’ai reçu un soutien important de bénévoles qui opèrent régulièrement sur le circuit de Jerez de la Frontera, qui est situé à environ 2 heures de Campillos. Les commissaires et les personnes que j’ai placées dans le parc fermé venaient notamment de là-bas, avec le renfort d’autres bénévoles issus du circuit automobile d’Ascari, qui est à une cinquantaine de kilomètres de chez nous. Ces collaborations étaient obligatoires, car nous ne sommes pas suffisamment nombreux au sein du club local pour répondre au cahier des charges de la CIK-FIA.

Pensez-vous que le circuit de Campillos bénéficie aujourd’hui d’une plus grande notoriété ?
Oui, bien entendu. Maintenant, quand les gens vont parler de Campillos, ils sauront où ça se trouve et qu’il s’agit d’un circuit aux normes internationales capable d’accueillir de grandes épreuves. Pour nous, c’était une occasion rêvée d’améliorer nos infrastructures, même si les travaux entrepris représentaient un coût non négligeable. Nous avons aussi pu montrer nos compétences en matière d’organisation. Pour autant, je sais que l’on peut encore s’améliorer, afin d’être prêt à accepter de nouvelles demandes, qu’elles concernent une fédération ou un promoteur privé. Nos portes sont ouvertes, tout peut arriver ces prochaines années.

Un regret ?
La météo du dimanche, qui n’était pas celle que nous connaissons généralement dans cette région de l’Espagne ! J’aurais préféré être épargné par la pluie, qui nous a obligés à annuler le show de moto prévu avant les finales et à écourter la présentation des pilotes. Nous attendions aussi plus de public, dans la limite de ce qui nous était imposé par les autorités locales et la situation sanitaire. Dans tous les cas, malgré le stress et la fatigue, ce Championnat du Monde restera un souvenir marquant.

Info FIA Karting / Photo © KSP


Publié le 22/04/2022

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