L’avenir du Championnat du Monde M18 semble encore incertain à l’échéance de la formule mise en place en 2010 pour 3 ans. Cela ne signifie pas qu’il va disparaître, mais que les discussions se multiplient à son sujet. Quel bilan peut-on tirer de la première épreuve 2012 ?
Dans une formule monotype où le moteur est fourni par un partenaire, Parolin, il est facile de faire porter à la mécanique toute la responsabilité d’éventuelles contre-performances. Force est pourtant de constater que les écarts sont minimes entre les pilotes que l’on peut considérer comme expérimentés et que les problèmes sont rares. Globalement, la prestation a bien évolué depuis la première saison et tient bien la route pour un enjeu aussi important. Les mécontents existeront toujours, quelle que soit la situation, mais on ne peut pas leur donner raison sur l’ensemble du meeting. Au final, les meilleurs sont devant, et c’est bien l’essentiel. Quant on voit comment Charles Leclerc s’est battu pour revenir sur Anthoine Hubert, en finale, après une longue série de tours dans le même dixième et que pendant ce temps-là, Henry Easthope creusait progressivement son avance, on ne peut qu’applaudir la formule, et les pilotes.
On trouve tout de même beaucoup de personnes, et non des moindres, dans le paddock pour vanter les mérites sportifs du M18. Il est évident que certains concurrents ne pourraient pas sortir du lot à l’échelon international dans d’autres catégories, faute de disposer d’un budget suffisant. L’absence de certains pilotes chevronnés indique également qu’il y a un risque potentiel à trouver plus rapide que soi à matériel similaire…
L’ambiance du paddock, sans les grosses structures professionnelles, est beaucoup plus sympathique, tout le monde est plus accessible et plus ouvert, cela participe à la réussite du concept.
Si les qualités du M18 – version 1 – sont indéniables, ce n’est pas pour autant une formule parfaite. Il existe bien sûr quelques anicroches dans le suivi de la mécanique sur place, le traitement est différent selon le mécanicien auquel on est confronté et il faut savoir convaincre le délégué technique officiel et l’équipe Parolin pour obtenir gain de cause en cas de réel souci.
Davantage de roulage en essais libres serait bienvenu pour réduire la tentation de venir s’entraîner plusieurs semaines avant l’épreuve. Surtout que tout le monde est à pied d’oeuvre le mercredi au plus tard et que beaucoup de temps est perdu en attente inutile pour les formalités administratives. Il y a sans doute à gagner de ce côté. Certes, le cours du pétrole brut s’enflamme, mais pas autant que celui du litre d’essence Panta, qui dépasse allègrement les 5 €…
Le cahier des charges de la CIK a donné naissance à un propulseur manquant de personnalité et de puissance pour assurer une compétition spectaculaire, on peut rêver mieux pour l’avenir pour faire vibrer les foules.
On peut comprendre que le concept aille à l’encontre de l’idée de compétition à tous niveaux qui animait les premières heures du karting et lui a donné son aura en sport mécanique. Les puristes ont dû mal à apprécier l’idée monotype du M18 et les limitations diverses l’accompagnant. On ne peut pas leur en vouloir, mais il faut reconnaître que l’époque a besoin d’une formule de ce genre qui mériterait d’ailleurs d’être déclinée à l’échelle de pays ou groupe de pays.
La formule ne convient pas à tous les constructeurs, cela peut aisément se concevoir, même si, de fait, il en manque peu parmi les plus importants. Il est dommage qu’une partie de la presse spécialisée ne couvre pas vraiment l’évènement. Certes, l’appellation « Championnat du Monde » heurte des sensibilités, mais est-ce si important ? Après tout, le M18 n’enlève rien aux autres catégories et peut combler les attentes de nombreux pilotes. Il faudrait demander par exemple à Jules Gounon ce qu’il en pense…
Point de vue Kartcom / Photo KSP