FIA: nouveau championnat du Monde de Karting

Le Conseil Mondial du Sport Automobile du 24 juin 2009 a donné son feu vert à la CIK-FIA, qui gère le Karting, pour créer un nouveau Championnat du Monde de Karting, orienté vers les jeunes pilotes de moins de 18 ans. Cette nouvelle série viendra en complément de l’actuel Championnat du Monde de Karting ouvert à toutes les classes d’âges.

Le lancement du nouveau Championnat prévu pour 2010 comportera trois épreuves organisées en été, quand les moins de 18 ans peuvent courir sans manquer l’école. Il s’accompagnera de la création d’une Académie de Karting pour les pilotes de 13-15 ans.

Luigi Macaluso, Président de la CIK-FIA, évoque ci-après ce projet de nouveau Championnat et la façon dont il doit revitaliser le Karting de haut niveau.

Pourquoi un nouveau Championnat du Monde ?

« Le Karting est la base du Sport Automobile. La plupart des pilotes commencent la compétition avec le Karting, qui représente la première marche naturelle d’une carrière. Ces dernières années, le Karting de haut niveau s’est cependant de plus en plus spécialisé, avec l’arrivée de pilotes professionnels et une augmentation des coûts. Le prix d’une saison au plus haut niveau en Karting est comparable à celui d’une saison en monoplace de premier échelon. Le niveau de professionnalisation et d’implication de quelques équipes est devenu tel que certains pilotes ne peuvent plus être compétitifs ou simplement financer leurs participations.

« Alors que l’accentuation du professionnalisme est positive pour le sport, elle empêche également l’engagement de pilotes désireux de gravir les échelons.

« Au Championnat du Monde CIK-FIA, la moyenne d’âge des pilotes est en hausse constante. Elle était de 22 ans en 2008, celle des cinq derniers vainqueurs étant de 26 ans. Le niveau actuel de pilotage et de haute technicité des karts est certes excellent, mais cette tendance éloigne le Karting de son statut d’école du Sport Automobile.

« En raison des coûts élevés, le nombre de participants est aussi en baisse : alors qu’il y avait 160 engagés au Championnat du Monde 2000, ils n’étaient plus que 49 en 2008.

« Le nouveau Championnat proposera une série d’épreuves de haut niveau abordables pour tous les pilotes de moins de 18 ans ayant le talent et l’expérience nécessaires. »

Cela va-t-il entraîner une refonte complète des Championnats de Karting de la CIK-FIA ?

« Non, aucunement. L’intention n’est pas de balayer les Championnats existants pour les remplacer par une nouvelle formule. Le Karting international de haut niveau n’est pas inva-lide : le Championnat du Monde demeure une épreuve de très haut niveau et les Championnats continentaux et Coupes du Monde de la CIK-FIA restent bien fréquentés.

« L’actuelle catégorie-reine du Karting, la Super KF, restera pour les constructeurs une vitrine d’excellence technologique, mais nous devons aussi veiller à ce que le Karting moderne reste fidèle à ses racines, d’où la nécessité de garantir son accessibilité au plus grand nombre, et particulièrement aux plus jeunes. Aux Championnats actuels, la CIK et la FIA veulent ajouter un autre programme de courses, porteur d’idées nouvelles et générateur de prestige, mais à des conditions vraiment abordables. »

Des idées nouvelles ?

« L’idée est d’offrir plus qu’une simple course ou du temps de piste et d’intégrer un encadrement pédagogique dans le programme des épreuves, avec des séminaires sensibilisant les pilotes à des initiatives de la FIA mettant l’accent sur les valeurs de sportivité, fair-play, éga-lité, responsabilité sociale, sécurité et sensibilisation à l’écologie. »

Pourquoi ?

« La CIK-FIA a déjà œuvré dans le sens d’une limitation des coûts mais les mesures prises jusqu’ici n’ont pas suffi, sans compter que la situation économique des familles et des équipes s’est dégradée en raison du climat de crise actuel. Il faut avoir le courage de prendre des décisions importantes et ce nouveau concept lance des pistes qui vont paraître révolutionnaires dans le milieu du Karting, mais elles visent simplement à renvoyer du Karting une image plus en adéquation avec ses racines, en rendant à la compétition sa capacité à révéler les jeunes talents et en servant l’éducation des plus jeunes.

« On peut concevoir que les constructeurs aient besoin d’une vitrine technologique, mais le Karting est d’abord un sport de pilotes et le monde attend du Karting de haut niveau qu’il révèle les talents de demain, les futurs Hamilton, Räikkönen, Kubica, Button, Alonso, etc., et qu’il soit une plate-forme d’expression permettant à tous de pratiquer le Sport Automobile à moindres coûts. »

Quelles mesures concrètes de réduction des coûts peuvent-elles être prises ?

« Du côté des moteurs, le désir naturel d’être toujours le plus compétitif possible engendre une situation toujours plus coûteuse. La solution la plus indiquée pour contenir les coûts est donc le moteur unique, désigné sur base d’une procédure d’appel d’offres pour une période minimum de trois ans. Et parler de moteur sous-entend le moteur complet et les pièces qui lui sont liées, c’est-à-dire carburateur, échappement, allumage et système de refroidissement.

« L’attribution des moteurs peut se faire par tirage au sort. La désignation d’une marque unique de pneumatiques est déjà pratiquée depuis longtemps à la CIK-FIA, avec des effets très positifs. Cela garantit l’équité des chances et une réduction spectaculaire des coûts, les fournisseurs allant jusqu’à offrir gratuitement les pneus de la course à tous les pilotes. »

Quid des châssis ?

« Sans nécessairement recourir à la désignation d’un fournisseur unique, des efforts doivent aussi être concentrés sur les châssis. Par exemple, le catalogue des variantes de pièces doit être limité. Pour certains châssis actuels, l’éventail proposé d’arbres, de moyeux ou de jantes va de trois à huit options, ce qui augmente à la fois les coûts et rend la gestion du matériel compliquée, nécessitant des essais à répétition, des experts-mécaniciens et le recours à des systèmes d’acquisition de données sophistiqués. Nous voulons établir des règles plus simples, essentielles et permettant une pratique du sport à moindres frais. »

Le projet ne se limite pas à des restrictions sur le kart lui-même ?

« Non, c’est exact. Certaines structures apportées dans les paddocks sont tout simplement démesurées. L’espace de travail sera standardisé dans ce nouveau Championnat du Monde des jeunes. Même le Rallye a adopté des mesures dans ce sens dans le cadre du WRC Junior. Pour qu’il soit à la fois plus équilibré et plus convivial, l’espace ‘‘technique’’ du paddock sera le même pour tous. »

Pourquoi créer en parallèle une Académie de la CIK-FIA ?

« Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, elle concernera des pilotes plus jeunes encore que ceux du nouveau Championnat du Monde, c’est-à-dire des pilotes de 13 ou 14 ans. Ensuite, nous la concevons comme une étape préparatoire au Championnat du Monde et nous voulons qu’elle soit le plus économique possible. C’est pourquoi l’option du kart complet unique, mis à disposition selon le principe ‘‘Clefs en mains’’, s’y appliquera. Cette Académie doit offrir un encadrement idéal pour les plus jeunes sur la scène internationale et ouvrir des portes vers le Championnat du Monde aux plus méritants. »

Comment ce projet s’intègrera-t-il dans la structure des Championnats existants ?

« Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un nouveau concept, appelé à compléter ce qui existe et non à s’y substituer. Les constructeurs et équipes semi-professionnelles continueront de jouir de Championnats leur permettant de démontrer leur savoir-faire. Mais il faut bien reconnaître que le vivier potentiel de pilotes se réduit au fil des ans. Nous voulons souligner l’importance du Karting comme école – une école qui soit du sport, mais aussi de la vie – et donc mettre en place un Championnat du Monde à nouveau accessible au plus grand nombre et capable de séduire de nouveaux jeunes pilotes. »

Pour quand le lancement est-il prévu ?

« L’objectif est de commencer dès l’été 2010. D’ici là, il conviendra de mettre au point les règlements sportif et technique, de procéder aux appels d’offres nécessaires, d’élaborer une stratégie de communication, d’impliquer les ASN dans le processus et de dégager trois circuits dont les infrastructures se prêtent à l’organisation des épreuves. »

Info CIK / © Photo archives KSP