Compétition

Entretien avec Alban Martinet 

Ancien pilote de karting de haut niveau deux fois vice-champion d’Europe et vainqueur des 24 Heures du Mans karting, Alban Martinet s’est ensuite investi dans l’organisation de courses et de championnats au sein de Sodikart, avant de rejoindre l’ACO pendant une décennie en charge d’organisations importantes et d’un groupe de réflexion sur le karting. Il […]


Entretien avec Alban Martinet 

Ancien pilote de karting de haut niveau deux fois vice-champion d’Europe et vainqueur des 24 Heures du Mans karting, Alban Martinet s’est ensuite investi dans l’organisation de courses et de championnats au sein de Sodikart, avant de rejoindre l’ACO pendant une décennie en charge d’organisations importantes et d’un groupe de réflexion sur le karting. Il vient de prendre un tournant professionnel l’éloignant du monde du karting, mais reste au fond de lui un éternel passionné de ce sport.

Alban, est-ce que le karting vous manque ?
Bien sûr, mais je ne suis pas le seul puisque toute l’activité est actuellement au point mort à cause du Covid-19. Je m’intéresse toujours à ce qui se passe en karting, d’autant que je reste un membre actif de l’ASK ACO. Cette période étrange est par ailleurs propice à la réflexion et au moment où ma vie professionnelle prenait un tournant je me suis penché sur l’évolution de la discipline en quelques décennies.

Grâce à ce recul, quel est votre regard sur le karting d’aujourd’hui ?
Il est évident que la compétition karting a beaucoup changé. Je me souviens d’avoir signé des performances de tout premier plan avec un matériel fabriqué par une petite usine française, Go-Kart. D’autres “artisans“ fabriquaient d’excellents châssis. Sans être exhaustif, je pense à MG, Tecno, Gillard, Fullerton, Biesse et bien évidemment Gassin et la SOVAME, des marques qui ont brillé avant de disparaître au profit de quelques usines de plus en plus hégémoniques. Mais cette diversité, qui se retrouvait d’ailleurs dans d’autres domaines du karting, permettait également une meilleure accessibilité à un plus grand nombre de passionnés.

C’est au niveau international que l’évolution a été la plus marquante, mais les courses nationales ont également suivi ce processus. Il ne s’agit pas pour moi d’avoir un discours nostalgique sur le karting d’antan. Les compétitions actuelles ont belle allure, le standing a incontestablement progressé. Nous sommes peut-être allés trop loin dans certains domaines et pas suffisamment dans d’autres.

Pouvez-vous préciser votre analyse ?
Si je peux me permettre une représentation imagée avec un parallèle ‘urbain’ et pleinement d’actualité avec les élections municipales françaises qui ont bien mal débuté, je suis tenté de dire qu’heureusement que Paris ne repose pas uniquement sur les Champs Elysées et l’avenue Montaigne….

La ou le maire de la capitale, que nous pouvons en l’occurrence apparenter au président de la fédération internationale, devrait sans doute porter une attention particulière à l’écosystème global de sa ville sans oublier de favoriser notamment le développement des activités dans ses arrondissements (ASN) en soutenant ses maires (les présidents d’ASN), tout en faisant ‘briller’ l’avenue des Champs-Élysées, son porte-drapeau !

La reconstruction d’une capitale passe par son attractivité globale ainsi que par celle de ses arrondissements ou quartiers en tenant compte du potentiel individuel de chaque secteur et par sa valorisation.

La comparaison est parlante. Concrètement quelles sont vos idées pour le karting de demain ?
Si nous ramenons ce constat à notre sport, la difficulté de voyager librement d’un pays à un autre comme c’était le cas jusqu’à maintenant, pourrait redonner une bouffée d’oxygène à l’économie ‘locale’ du karting et ainsi limiter le dépeuplement des épreuves nationales au profit de grands rendez-vous internationaux aux budgets déraisonnables et fréquentés par une élite financière limitée en volume !

Veiller à reconstruire le tissu local semble être une nécessité pour préserver l’avenir de la discipline, car les fractures entre les différentes pratiques (du loisir au haut niveau) sont trop importantes et délaissent par là même bon nombre de pratiquants.

Tout comme légiférer mondialement sur un âge minimum plus raisonnable d’accès au sport automobile permettrait au karting de jouer pleinement son rôle d’incubateur de talents et verrait probablement un retour de pilotes professionnels comme c’était le cas dans les années 90.

En résumé, j’espère que cette crise permettra de faire prendre conscience que la base du sport mécanique sur 4 roues ne doit pas s’adresser qu’aux clients de l’avenue Montaigne ! 

Info Kartcom / Photo © KSP


Publié le 08/05/2020

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