Compétition

Le karting, une histoire de nations ?

Le triplé gagnant belge du week-end dernier en FIA Karting sur le Slovak Ring permet d’engager une réflexion sur le rapport à la nationalité dans le karting, un des sports les plus individualistes qui soit. Commençons par regarder du côté des chiffres pour voir quels sont les pays les plus présents dans le Championnat d’Europe […]


Le karting, une histoire de nations ?

Le triplé gagnant belge du week-end dernier en FIA Karting sur le Slovak Ring permet d’engager une réflexion sur le rapport à la nationalité dans le karting, un des sports les plus individualistes qui soit.

Commençons par regarder du côté des chiffres pour voir quels sont les pays les plus présents dans le Championnat d’Europe OK et OK-Junior. Le Royaume-Uni (67 millions d’habitants) alignait 23 pilotes, soit plus de 10 % du plateau, devant la France (68 millions d’habitants) et l’Italie (59 millions d’habitants). Jusqu’ici, rien d’étrange, il s’agit de grands pays européens fortement peuplés bénéficiant d’une forte culture automobile dans lesquels le karting a grandi depuis son introduction en Europe.

L’Allemagne (84 millions d’habitants) constitue une sorte d’anomalie dans le paysage. Son 17e rang en termes de participation sur le Slovak Ring avec seulement 4 pilotes fait écho à un faible attrait historique pour la compétition internationale en karting et à une relative désaffection pour lles catégories de base (karting et F4) constatée depuis quelques années à l’intérieur de ce pays riche, par ailleurs très investi dans le sport automobile de haut niveau (constructeurs et champions). Parallèlement, l’industrie du karting reste très limitée en Allemagne au contraire de l’hégémonie italienne et de l’exception française que constitue Sodikart.

L’Espagne (48 millions d’habitants) fait jeu égal avec la Pologne (38 millions d’habitants) en alignant 9 pilotes. La Russie (146 millions d’habitants), dont il faut taire le nom dans le sport international depuis plus de deux ans, était également représentée par 9 ressortissants. La progression de la participation russe a connu un net ralentissement depuis le début du conflit avec l’Ukraine et la mise en place de sanctions économiques par le bloc occidental. On se rappelle que les pilotes russes n’avaient pas pu se rendre en Tchéquie l’an dernier lors d’une épreuve européenne.

La Belgique (11 millions d’habitants) fait partie des pays à la forte culture karting. Malgré son nombre restreint de circuits, elle organise de très nombreuses courses à participation internationale. Genk peut être considéré comme l’un des temples du karting tandis que Mariembourg revient progressivement au premier plan. Le petit royaume multi-culturel possède une longue liste de champions auto et karting depuis le siècle dernier. Les victoires simultanées de Thibaut Ramaekers (OK), Dries van Langendonck (OK-Junior) et Gilles Herman (Académie) le week-end dernier en Slovaquie semblent indiquer un renouvellement du potentiel belge auquel on peut raccorder les performances remarquées de Yanis Stevenheydens et Thomas Strauven en F4.

Si la corrélation mathématique entre la population d’un pays et le nombre de ses talents en sports mécaniques n’est absolument pas vérifiée, de quoi s’agit-il alors ? Après une analyse rapide, la santé économique d’une nation ne semble pas non plus être la cause directe du succès dans une discipline coûteuse comme la compétition karting puisque de nombreux pays riches ou très riches ne donnent pas naissance à des talents en karting. La proximité de pistes où exercer sa passion est importante, mais ce problème concerne essentiellement des pays gigantesques comme les Etats-Unis ou la Russie. Alors quoi ?

L’Europe concentre depuis le début l’intérêt pour ce sport inventé en Amérique. C’est toujours vrai de nos jours où il faut venir sur le vieux continent pour faire ses armes dès ses années karting. On peut comprendre facilement que le karting de haut niveau ne se soit pas développé en Mongolie extérieure ou dans les îles Salomon. Cela n’explique pas la capacité du Brésil a produire de grands champions ni pourquoi certains pays européens réussissent mieux que d’autres malgré leur petite taille. La Finlande et ses 5,5 millions d’habitants disséminés sur de vastes étendues est par exemple connue pour ses nombreux champions.

On peut avancer que la culture et la mentalité du pays tiennent un rôle dans le ratio de bons pilotes. L’histoire du sport automobile national et son rapport avec la population paraissent également essentiels tout comme le goût pour transmettre les valeurs de ce sport à travers une multiplicité de structures de course animées par de vrais passionnés. Au-delà de l’image souvent galvaudée dans les médias du karting comme moyen d’accès à la F1, il semble que ce soit avant tout la passion des générations précédentes, partagée de proche en proche, qui fasse réellement la différence. En ce sens, le karting reste un sport relativement populaire qui carbure d’abord à la passion et à la transmission des valeurs. Ce serait dans ce cas une bien belle histoire…

Info KARTCOM Sélection / Photo © KSP


Publié le 27/06/2024

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