Compétition

Entretien avec Karl Janda – Délégué Technique CIK-FIA

Karl Janda est un passionné de moteurs qui a été formé aussi bien dans l’automobile généraliste que dans la pure mécanique de compétition karting. Il occupe le poste de délégué technique de la CIK-FIA depuis 2017. Comme tout le monde depuis le début de la crise sanitaire, il a dû s’adapter à de nouvelles contraintes […]


Entretien avec Karl Janda – Délégué Technique CIK-FIA

Karl Janda est un passionné de moteurs qui a été formé aussi bien dans l’automobile généraliste que dans la pure mécanique de compétition karting. Il occupe le poste de délégué technique de la CIK-FIA depuis 2017. Comme tout le monde depuis le début de la crise sanitaire, il a dû s’adapter à de nouvelles contraintes à l’intérieur des frontières de son pays, l’Allemagne, tout en restant le plus actif possible. Il porte un regard personnel sur la situation depuis sa position au sein de la FIA alors que la reprise commence à se préciser en ce début du mois de juin 2020.

Karl, pouvez-vous évoquer la vie en Allemagne ces derniers mois ?

La période n’est assurément pas facile. Dans la plupart des entreprises industrielles allemandes, l’activité s’est poursuivie sous le régime des nouvelles règles sanitaires, ce qui a parfois compliqué le travail. Malgré tout, c’était sans doute mieux que d’être bloqué à la maison pendant de longues semaines. La situation reste cependant difficile pour de nombreuses personnes.

Depuis deux semaines, beaucoup de secteurs rouvrent, ce qui fait que la vigilance générale a baissé. Pourtant, je ne pense pas que le risque de contamination ait entièrement disparu d’un seul coup. Il me semble qu’il faut rester prudent et se comporter de manière responsable. Les décisions des autorités sont dictées par différentes contingences et il faut reconnaître que leur tâche n’est pas facile dans une situation inconnue comme celle-ci. J’ose croire que le confinement était la meilleure chose à faire. Néanmoins, chacun conserve la possibilité de réfléchir par lui-même et de contribuer par ses actes à la diminution de la maladie.

Comment s’est effectuée votre mission auprès de la CIK-FIA dans ces conditions ?

J’ai pu travailler à distance en participant notamment à des réunions du Groupe de Travail Technique en vidéo par internet. Certes, les échanges sont parfois moins riches que lors des réunions réelles parce qu’il manque la présence effective tout ce qui peut se passer lors de vraies rencontres. Mais globalement nous avons pu avancer efficacement, notamment en ce qui concerne le report à 2021 de la prochaine homologation des châssis, des carrosseries et des freins. Concrètement, je ne vois pas comment nous aurions pu faire autrement. Aucun fabricant n’avait demandé ce report, mais tout le monde a apprécié que nous ayons pris cette décision. La question a été soulevée en ce qui concerne les autres homologations à venir. Il faut falloir réfléchir à tout ce que cela implique par rapport à la réglementation en vigueur en fonction des contingences actuelles.

À quels problèmes concrets avez-vous été confronté ?

Il était impossible, et il est toujours impossible actuellement, de procéder aux tests prévus sur le matériel. Les fabricants n’étaient pas en mesure de mettre à disposition les pièces nécessaires à cause de l’arrêt des usines et des restrictions sur les déplacements. De notre côté, nous ne pouvions pas jusque-là nous réunir pour faire des essais dans le centre logistique et technique de la FIA à Valleiry (France) ou ailleurs et nos partenaires techniques comme le laboratoire de mesures situés en Italie n’étaient pas opérationnels.

Nous avons donc pris pas mal de retard sur notre programme de travail. Environ six mois seront perdus au final. Heureusement, la CIK-FIA n’avait pas lancé de grandes réformes techniques. Depuis l’avènement des moteurs OK et Junior, la réglementation technique des compétitions karting est entrée dans une phase de stabilité indispensable au développement de toutes les catégories. Je pense que nous pourrons rattraper notre planning sans trop de difficultés en fournissant les efforts nécessaires. Je suis persuadé que les conséquences de cette inactivité ne seront pas trop lourdes en ce qui concerne notre domaine spécifique.

Comment voyez-vous la reprise prochaine de la compétition ?

Nous sommes aussi impatients que les pilotes de pouvoir reprendre la route des circuits. C’est le but de notre travail et cela nous manque. Les déplacements entre les différents états européens ne sont pas encore harmonisés, mais je pense que c’est l’affaire de quelques semaines et que l’arrivée de l’été coïncidera avec le retour des voyages. Comme je l’ai dit, le fonctionnement de la CIK-FIA n’est pas directement affecté par les difficultés actuelles et mes inquiétudes vont plutôt vers l’avenir des entreprises et des professionnels du karting. Pour terminer sur une note positive, j’imagine que les préparateurs de moteurs ont pu profiter de cette période pour travailler à l’atelier comme jamais, malgré leur manque à gagner. Ils n’ont pas l’habitude de disposer d’autant de temps pour affûter leurs mécaniques et on risque de voir des choses intéressantes lorsque le programme de courses reprendra.

Interview FIA Karting / Photo © KSP


Publié le 15/06/2020

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