Le coût des erreurs en sport automobile

Le Grand Prix de Monaco 2023 vient de récompenser trois excellents pilotes. Max Verstappen – Red Bull s’est imposé face à Fernando Alonso – Aston Martin, tandis qu’Esteban Ocon décrochait une formidable 3e place avec Alpine. En tant que Français, le podium d’Ocon nous a fait extrêmement plaisir d’autant que nous l’avons bien connu lors de ses années en karting et nous nous joignons au concert de bravos à son intention.  

Il est couramment admis que le circuit en ville de Monaco est un tracé où le talent des pilotes est mis en valeur plus que n’importe où ailleurs. Dans la principauté, il faut être rapide et sûr, la moindre erreur  pouvant être lourde de conséquences. Dès les qualifications, le vainqueur 2022 Sergio Perez – Red Bull a vu s’envoler tous ses espoirs lors d’un contact violent avec les barrières de sécurité en Q1 à Sainte Dévote. Lando Norris – McLaren a détruit le train avant de sa voiture en Q2 à la piscine. Charles Leclerc – Ferrari était pénalisé de 3 places pour avoir gêné Norris sous le tunnel en Q3, à cause d’un déficit d’information de la part de son équipe. Pendant la course, d’autres erreurs ont sanctionné leurs auteurs, notamment sous la pluie : rien qu’à Mirabeau, des petites approximations ont coûté cher à George Russel – Mercedes qui détruit son avantage, Carlos Sainz – Ferrari qui perd sa chance de podium et Lance Stroll – Aston Martin qui abandonne. Avec une voiture qui ne fait pas encore partie des meilleures, Esteban Ocon a démontré l’étendue de son talent en restant dans le rythme dans toutes les conditions, son parcours sans faute lui valant de monter sur le podium de Monaco et de recevoir les félicitations de ses pairs. Avec Pierre Gasly 7e, Alpine n’a vraiment pas fait preuve d’amateurisme.

Après ce long intermède F1, osons un parallèle avec le karting. Chez les plus jeunes, la capacité à ne pas commettre d’erreurs est associée à une grande maturité. Elle est moins valorisée que la rapidité d’un pilote et pourtant son importance est aussi grande au cours d’une carrière. Cette infaillibilité appréciée par toutes les équipes est le fruit d’une concentration de tous les instants, d’une grande intelligence de course et d’une forte détermination. Toute comme la vélocité derrière le volant, ces compétences peuvent et doivent être travaillées par les aspirants champions. Nous évoquions récemment dans ces colonnes les vertus de l’adaptabilité et nous rajoutons maintenant d’autres qualités à la longue liste des cases à cocher pour les pilotes ambitieux. Car il faut le répéter, devenir champion est un travail de longue haleine qui nécessite beaucoup d’efforts.  

La 3e épreuve du Championnat de France Junior opéré par la FFSA Academy qui vient de se dérouler à Varennes peut illustre notre propos de la semaine. Cette compétition inspirée par le Trophée Académie FIA Karting oppose des pilotes de 12 à 15 ans sur des karts identiques. N’en déplaise aux mauvaises langues à court d’arguments sérieux, l’équité de ces deux compétitions est une valeur sûre. Les moteurs Vortex, dont les performances sont déjà très proches de base, sont échangés à plusieurs reprises pendant chaque meeting. La lisibilité du potentiel humain est ainsi beaucoup plus grande que dans d’autres catégories. Deux pilotes se sont affrontés en tête du Junior FFSA à Varennes : Walter Schulz et Pacôme Weisenburger. Ils étaient séparés par 67 millièmes de seconde en préfinale et par 78 millièmes en finale. Inutile de préciser que pour en arriver là, aucune erreur n’a été commise dans leur parcours. Encore leader au classement du championnat, Lisa Billard est partie à la faute en 1re manche qualificative. Grâce à sa détermination, elle a pu minimiser les effets négatifs de sa sortie de piste en remontant jusqu’à la 3e place finale. Mais qui peut à cet instant préjuger des conséquences de cet incident mineur ? Les trois premiers du classement provisoire, Lisa, Walter et Pacôme, ne sont plus séparés que par 10 points alors qu’il reste deux épreuves à courir et que chacune d’entre elle peut rapporter 45 points. Davantage encore que dans la vie, en compétition automobile toute erreur se paie cher et c’est aussi ce qui fait la beauté de ce sport.

Info Kartcom Selection / © Photo KSP – Guillaume Veuve