La filière française, du kart à la F1

En structurant et encadrant l’apprentissage du karting, la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA) agit comme bien d’autres fédérations sportives. Et pourtant la véritable filière du sport automobile français fait figure d’exception culturelle dans un milieu individualiste gouverné par les impératifs financiers. Cela mérite d’être précisé.

La FFSA s’est dotée d’une structure fédérale de détection et de formation depuis 2007. Le mouvement avait été initié en 1993 par le pétrolier Elf à travers sa célèbre filière compétition. Quand la FFSA en a assumé seule la direction à partir de 2001, les objectifs ont été élargis et diversifiés. Outre la formation des pilotes et des mécaniciens, un diplôme d’état pour devenir moniteur de pilotage est mis en place au sein de la FFSA Academy. Situé au Mans à proximité du circuit Bugatti, le Pôle France accueille Centre National d’Expertise et de Préparation Physique et offre des possibilités de poursuite d’études sur place en plus d’un internat.

Prenant au pied de la lettre l’expression “le karting est la base de la pyramide du sport automobile“, la FFSA crée en 2007 les Ecoles Françaises de Karting sur l’ensemble du territoire. Une formation sportive, mais également un programme pédagogique dédié à la sécurité, des notions de mécanique, une sensibilisation à l’équilibre alimentaire et une approche du “Sport Citoyen” sont fournis aux jeunes à partir de 7 ans par des moniteurs diplômés. Le pilotage peut se pratiquer sur des minikarts livrés par la Fédération.

Pendant plusieurs années, le Programme 10-15 de détection des jeunes pilotes et l’Equipe de France FFSA Karting ont soutenu les pilotes en route vers le haut niveau avant d’être remplacés par le Championnat de France Junior Karting et l’Equipe de France Espoir Karting centrée sur le représentant national dans le Trophée Académie FIA Karting. Plus récemment, la FFSA a développé ses outils de détection avec le lancement de la catégorie Mini 60 qui est opérée avec tirage au sort des moteurs en championnat et coupe de France. Cela permet aux instances fédérales de repérer les pilotes dans des conditions les plus équitables possibles en vue du Championnat de France Junior. Cette formule monotype qui entame sa 8e saison utilise le même matériel de type OK-Junior que le Trophée Académie FIA Karting. Non seulement toute la logistique est assurée par la FFSA Academy, mais une formation individuelle est fournie aux jeunes pilotes grâce à plusieurs coachs fédéraux, eux-mêmes anciens pilotes, tout cela pour un coût abordable.

La marche suivante est incarnée par le Championnat de France F4, opéré sur les mêmes bases d’équité et de budget maîtrisé par la FFSA Academy. La filière française se poursuit à travers l’Equipe de France Circuit qui encadre et soutient ses pilotes dans les différentes formules de monoplace (FRECA, F3, F2) jusqu’aux portes de la F1. C’est donc une solution de continuité qui a été mise en place par la Fédération depuis la formation initiale dès 6 ans jusqu’au plus haut échelon de la F2. Un système de subventions est enclenché dès la Mini 60 pour aider les jeunes à progresser tout au long de la pyramide avec une politique globale de maîtrise des dépenses et des encouragements financiers pour les meilleurs à toutes les étapes.

C’est un très beau programme complet qui a été mis en place par la FFSA, une vraie filière de pilotes unique au monde. Le passé a montré que cela fonctionnait bien et le présent le confirme. Dans le sillage de Pierre Gasly, plusieurs pilotes issus de la FFSA Academy sont en train de le démontrer. Théo Pourchaire attend en Super Formula (JPN) qu’une place se libère dans le giron de Sauber, Victor Martins et Isack Hadjar jouent une carte majeure en F2, Alessandro Giusti progresse en FRECA tandis que Lisa Billard se prépare pour la F4 et que la nouvelle génération continue à faire ses armes en karting sous le regard attentif de la FFSA.